Derrière Schumpeter, Kalanick
L'entrepreneur est un mythe moderne universellement célébré, un mythe basé sur le modèle schumpéterien où le rôle du chef d'entreprise guidé par le profit est d'introduire l'innovation et d'augmenter la productivité et le niveau de vie de la société. Il y a beaucoup de raisons d'être sceptique bien sûr. D'une part, l'innovation n'est pas en soi un phénomène positif, tout dépend des bénéfices sociaux réels qu'elle apporte. D'autre part, les entrepreneurs sont bien moins souvent des pionniers moteurs de la croissance que des agents qui réagissent aux opportunités offertes par l'état global de l'économie. Reste que la nature de la production privée d'une économie est une question sociale importante.
Les recherches de William Baumol, un économiste décédé le mois dernier, jettent un éclairage fascinant sur cette question. Pour W. Baumol, le nombre d'entrepreneurs d'une société donnée est plutôt stable dans le temps mais la quantité et la qualité de leur production, leur contribution au bien-être social dépendent de la structure réglementaire et coutumière de l'économie dans laquelle ils opèrent, des incitations en place chargées d'orienter leur comportement vers des activités productives. L'entrepreneur Schumpéterien est une création sociale.
This paper proposes a rather different set of hypotheses, holding that entrepreneurs are always with us and always play some substantial role. But there are a variety of roles among which the entrepreneur's efforts can be reallocated, and some of those roles do not follow the constructive and innovative script that is conventionally attributed to that person. Indeed, at times the entrepreneur may even lead a
parasitical existence that is actually damaging to the economy.
Si les incitations sont défectueuses, la classe entrepreneuriale aura tendance à se porter vers des activités non productives, voire parasitiques — crime, recherche de rente et de situation de monopole, dépression des salaires, corruption politique, etc. En d'autres termes, ils deviennent plus intéressés par la capture de la valeur ajoutée que par sa création. On voit aussi fleurir des activités qui ne sont pas envisageables sans soutien de l'État, ce qui suppose souvent sa corruption.
Uber est une caricature de ce phénomène mais c'est loin d'être le seul exemple, surtout dans le domaine de l'économie numérique ou de la finance. On peut aussi considérer le placement de quelqu'un comme E. Macron à la présidence française comme une victoire des forces improductives du capital qui pourront ainsi accélérer le tranfert de revenu du travail vers les profits dans un contexte de croissance faible.