Des espaces de liberté sur le Net ?
Face au nouvel autoritarisme de la culture politique aux États-Unis, certains journalistes, créateurs et essayistes cherchent des espaces d’expression en ligne qui échapperaient à la censure croissante des plates-formes contrôlées par les grosses sociétés du numérique (Big Tech) et les médias traditionnels.
C’est ce qui explique, par exemple, la popularité de Substack (pour les publications écrites) ou de Rumble (pour les vidéos). Ces plates-formes se posent en défenseurs de la liberté d’expression et le contrôle qu’elles exercent sur le contenu qu’elles diffusent et hébergent est volontairement laxiste, une attitude qui sied à l’extrême-droite et aux conservateurs, responsables de leur croissance fulgurante.
Il est facile de dénigrer ces nouveaux espaces comme des repaires de fanatiques, diffusant, amplifiant un contenu haineux. Mais, d’une part, c’est loin d’être la seule sorte de contenu qu’on peut y trouver et, d’autre part, ce n’est que le pendant d’un discours public assimilant de plus en plus la liberté d’expression à un danger social.
Non, le seul problème que je vois ici, c’est que le modèle reste celui d’une plate-forme contrôlée par une société cherchant à maximiser ses profits. Le discours de leurs propriétaires sur la liberté d’expression est peut-être sincère, mais c’est surtout un argument publicitaire et rien ne garantit que ces principes résistent à des pressions commerciales et politiques. Je comprends pourquoi les auteurs les plébiscitent (popularité, monétarisation simple du contenu) mais d’autres modèles de publication, reposant, par exemple, sur des logiciels comme Peertube ou Ghost, seraient peut-être plus sains sur le long terme.
Mais, okay, pour le moment, Rumble, Substack et compagnie sont sans doute nécessaires à un discours public équilibré.